Notre vie est un Samedi Saint

Rédigé par Métro-Boulot-Catho -

Les lignes qui suivent sont une traduction (personnelle) de cette méditation proposée par le père James Martin, s.j.

Notre vie est un Samedi Saint.

La plus grande partie de nos vies passe comme un Samedi Saint. Pour le dire autrement, la majorité de nos jours ne sont pas marqués par la souffrance insupportable du Vendredi Saint. Ou imprégnés de la joie incroyable du jour de Pâques. Certains jours sont des temps de réelle souffrance ou de grande joie, mais la plupart sont... entre les deux.

La plupart de nos journées, en fait, sont un temps d'attente, comme les disciples ont attendu, le Samedi Saint. Nous passons notre temps à attendre. Attendre d'entrer dans une bonne école. Attendre de rencontrer la bonne personne. Attendre de devenir enceinte. Attendre un travail. Attendre le diagnostic du médecin. Attendre que les choses au travail s'améliorent. Attendre qu'une thérapie nous permette d'aller mieux. Attendre que telle relation s'améliore. Attendre que la vie, simplement, s'améliore.

Mais il y a différentes manières d'attendre.

Il y a par exemple l'attente désespérée. Dans laquelle nous savons - du moins nous pensons savoir - que les choses ne pourront jamais s'arranger, que Dieu ne pourra jamais, au grand jamais, faire quoi que ce soit de notre situation. Que rien ne va, ni même ne pourra jamais changer.

Thomas Merton a écrit, dans un jour de désespoir : "Le désespoir est le stade ultime d'un orgueil si grand, à la nuque si raide, qu'il choisit l'absolue tristesse de la damnation plutôt que d'accepter le bonheur donné par Dieu et ainsi reconnaître qu'Il est au-dessus de nous et que nous ne sommes pas capable d'accomplir notre destinée par nous-mêmes." En d'autres termes, le désespoir dit "Je sais mieux que Dieu". Et "Je sais que rien de bon ne pourra jamais sortir de ceci. Jamais."

C'est peut-être ce genre d'attente qui a retenu les disciples apeurés, terrorisés, cachés derrière les portes closes, le Samedi Saint. Bien sûr on peut leur pardonner : après que Jésus ait été exécuté, ils étaient probablement en danger d'être arrêtés et exécutés par les Romains. (Quelque chose me dit, cependant, que les femmes, qui en général se sont montrées amies plus fidèles que les hommes durant la Passion, avaient plus d'espoir).

Pour prendre un exemple récent, vous vous souvenez peut-être que, durant les jours précédant le conclave qui a élu le Pape François, on a vu beaucoup de cette manière d'attendre, et notamment de la part de commentateurs par ailleurs intelligents et d'éditorialistes réfléchis, et même de la part de certains croyants. L'Eglise, avec tous ses problèmes (scandales d'abus sexuels, désordres financiers de la Curie, sentiment croissant d'inutilité) était condamnée, nous disait-on encore et encore. Embourbée dans des problèmes insurmontables, disait-on, qui ne pourraient être et ne seraient jamais résolus. Et bien sûr, ajoutaient les incrédules, le Collège des Cardinaux ne pourrait jamais, jamais, jamais élire quelqu'un qui s'y prendrait autrement, qui pourrait secouer les choses, qui donnerait à l'Eglise un esprit de renouveau. Les cardinaux, tous faits de la même étoffe, et tous tellement obtus,nous disait-on, seraient bien incapables de la moindre décision courageuse. L'idée que le Saint-Esprit pouvait agir par ce groupe d'individus, tout humains qu'ils soient, était mise de côté, rejetée, même moquée. L'Esprit-Saint ?! Allons ! L'idée qu'un nouveau pape pourrait aborder les choses différemment, parler différemment, agir autrement que ses prédécesseurs ?! S'il vous plaît !..

Entendre cela de la bouche de croyants était surprenant, pour ne pas dire plus. Parce que ces gens attendaient avec désespoir. Et que ce n'est pas le genre d'attente à laquelle les chrétiens sont invités.

Puis il y a l'attente passive, comme si tout était déterminé par un "destin". Dans cette attente il n'y a pas de désespoir, mais pas non plus d'anticipation de quelque chose de bon. C'est l'attente qui dit "Peu importe !". Ce n'est pas non plus l'attente à laquelle nous sommes appelés.

Nous sommes appelés à l'attente du Chrétien, qui s'appelle l'espérance. C'est une attente active ; elle sait que, même dans la pire des situations, même dans les temps les plus sombres, Dieu travaille avec puissance. Même si nous ne pouvons pas le voir clairement à l'instant même. La peur des disciples au lendemain du Vendredi Saint était compréhensible ; mais nous, qui savons comment l'histoire s'est poursuivie, qui savons que Jésus est ressuscité d'entre les morts, qui savons que Dieu est avec nous, qui savons que rien n'est impossible à Dieu, sommes appelés à une attente pleine d'espérance. Et à chercher attentivement les signes de la vie nouvelle qui sont toujours juste au coin de la rue - à voir, comme un petit nombre de disciples le Samedi Saint.

Parce que le changement est toujours possible, le renouveau toujours en attente, et l'espérance n'est jamais morte.

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